uRge
de Benjamin Colin
éditions de la guillotine élastique


Création 2018



Urge capte le monde avec amour c'est essentiel.

Longtemps nous avons eu le poème de Benjamin Colin dans la poche comme on écoute une chanson souvent, comme on ne parvient pas à fermer un livre qui nous accompagne trop, comme on regarde le ciel, la nuit, seul.

Benjamin Colin pèse les mots et nous nous retrouvons en apesanteur de cette langue.

Sans fioriture, sans "faire poésie", il nous embarque là à toucher les âmes, à l'essence même de l'amour.

Et nous sommes ombres et lumières voyageurs crapahuteurs de cette planète.

Urge oui à nos cœurs. Urge nos petits êtres. Nos grandes âmes.

Benjamin Colin parle de TOUT, TOUT DE SUITE.
Du microscopique au monde entier de l'intime à tous les peuples de la joie à la rage qui s'élèvent, qui élèvent.
Sa langue est le secret et l'universel. Est là maintenant en prise avec ce qui nous préoccupe, nous occupe pleinement, ce monde. Des mondes.
Il nous donne ici à entendre ce qui est inracontable, la profondeur d'une âme et qu'il saisit avec ses mots, son rythme et qu'il livre, comme on se donne en amour.

Eric Thomas et Gaëlle Héraut s'emparent de ce texte avec leur musicalité et leur fébrilité. De tout leur être.

 

et pour en entendre un peu, c'est par ici.

 

La distribution

Auteur : benjamin colin
Interprétation : gaëlle héraut
Composition musicale et guitare électrique : éric thomas

Les photos



EXTRAIT :

de qui sommes-nous le muscle ? de quelle intelligence et de quelle entreprise ? si la nôtre ne consiste qu’en la répétition, à quoi va la vitalité ? nos instants de folie semblent bien être le noyau de quelque chose, quelque dureté brûlante dont nous serions la gangue ; instants de concrétion, de haute densité pour lesquels et par lesquels nos pauvres existences perdurent.

instants redoutés aussi, où vie et mort s’affrontent et se côtoient, s’enlacent et scellent. l’une dans l’autre se jouant de nous aussi bien que nous nous jouons d’elles. instants de haute densité, noyaux ou petites pierres que nous garderons pour longtemps quelque part dedans nos corps et que seuls nos squelettes délivreront.

les câbles semblent difficiles à tenir, de plus en plus, et la tension augmente, de plus en plus, si bien que certains décident de les lâcher, de plus en plus dirait-on. cela s’entend. des claquements sourds et le bruit de corps qui choient un peu partout dans nos amitiés.

(...)

alors nous brassons tout l’air possible, brassons en danseurs silencieux, par les rues, par les chemins, dans les cafés, brassons joyeusement dans l’inquiétude, petits moulins comiques et en prière. voilà qui nous rassure : cet air fut respiré par d’autres avant de nous toucher, et le sera encore après.

il y a l’oubli certain qui rend plus belles les choses, plus doux les matins et les soirs plus sereins. puis l’étrangeté à soi qu’augmente la conscience, accrue avec le temps. il y a aussi, venu de nos enfances, le souhait de voir périr les méchants. nulle honte ici.

enfin, j’aurai vécu cet étonnement : plus j’ai connu son corps et plus je l’ai désiré. il s’agit là, sûrement, d’une coïncidence d’avec la vie, à laquelle, parait-il, on finit par s’attacher si fortement. heureuse découverte dont je m’enveloppe chaque matin. avec cette certitude et puis ce corps on pourrait s’enfouir au fond de son existence. avec force encore. sans déni de l’autre, ni mépris pour sa vie propre. armé et nourri de cette seule vérité.



Coproduction : La Station Théâtre de La Mézière et la Compagnie l'Aronde
Photographies : Laurent Petereau - David Maisse